Godin et Basu: Les dessous du rappel d’Owen Beck, et une stratégie 11/7 différente

Le Canadien a fait une petite fleur à Owen Beck en le rappelant pour un match, samedi soir à Ottawa, mais il l’a rapidement cédé aux Petes de Peterborough par la suite. Mais il a fallu des circonstances exceptionnelles pour qu’il soit rappelé en premier lieu.

Le Tricolore avait déjà procédé à trois rappels d’urgence auprès de sa filiale de la Ligue américaine. Une formation peut procéder à un rappel d’urgence si elle est incapable de déployer quatre trios ou trois duos de défenseurs avec des joueurs en santé. Mais après deux de ces rappels d’urgence, elle peut se tourner vers un espoir de la Ligue canadienne qu’elle a sous contrat afin de combler un manque.

Il y a toutes sortes d’informations qui ont circulé par rapport à ce qu’une équipe peut et ne peut pas faire dans le cadre du rappel d’un joueur de la LCH. En principe, le Canadien aurait pu garder Beck dans sa formation aussi longtemps que le statut de rappel d’urgence s’appliquait et n’avait pas à se limiter à un nombre de matchs précis. Ce n’était cependant pas l’intention du Canadien de prolonger ce rappel.

Le CH s’est présenté à Ottawa avec quelques joueurs mal en point et il y avait un risque que l’équipe doive jouer à dix attaquants et sept défenseurs, un scénario qu’il voulait éviter. D’où l’idée d’un rappel. Or, le Rocket jouait à Cleveland et il était difficile de faire venir à Ottawa un joueur en provenance de l’Ohio. Le plus simple était de rappeler Beck, qui ne jouait ni vendredi ni samedi.

Dépendant de la façon dont les joueurs qui traînent des bobos ont réagi au match face aux Sénateurs, il n’est pas impossible qu’on répète la même opération en vue du match retour face aux Sénateurs mardi.

Si tout le monde est prêt à jouer, Martin St-Louis optera pour une formation 11-7 avant que l’équipe ne quitte pour sa semaine de congé. Mais si les mêmes préoccupations que samedi surgissent, un autre rappel aura lieu. À cet égard, on ne doit pas exclure la possibilité que Roy soit rappelé de Sherbrooke, lui qui a disputé trois matchs en trois jours durant la fin de semaine. Priver le Phoenix de leur meilleur joueur durant un important week-end aurait été moins gracieux que de faire appel à un jeune qui n’avait aucun match à l’horaire. Mardi, après une journée de répit, Roy serait plus proche de Montréal que Beck et pourrait toujours dépanner.

Qu’il s’agisse de Beck ou encore de Joshua Roy, l’organisation souhaite que ces deux jeunes vivent de longs parcours éliminatoires au sein d’équipes juniors compétitives. Mais dans le Québécois comme dans celui de Beck, il s’agirait de souligner la qualité de sa progression en lui donnant un premier match.

Sinon, le CH se tournera vers le Rocket, qui ne joue son prochain match que vendredi. Le Rocket, qui tente de se replacer dans le portrait des séries, est lui-même décimé par les blessures. En plus des joueurs déjà rappelés par le Canadien, il a battu les Monsters de Cleveland 7-4, samedi, sans huit joueurs qui en temps normal seraient en uniforme.

À court terme, le Canadien n’a pas à se soucier des questions de ballottage en rappelant un joueur du Rocket, car les matchs joués dans le cadre d’un rappel d’urgence font partie d’une comptabilisation séparée des matchs joués lors de rappels réguliers. Mais il est évident que si plusieurs attaquants du Canadien recouvrent la santé avant la date limite des transactions et que des joueurs finissent par être cédés à Laval, un attaquant comme Rem Pitlick, par exemple, devra être soumis au ballottage. Mais le CH traversera le pont lorsqu’il sera rendu à la rivière. Le plus important pour l’instant, c’est de pouvoir présenter une formation complète à chaque match.


Kirby Dach (David Kirouac/USA Today)

La façon unique dont le Canadien déploie 11 attaquants et sept défenseurs

En troisième période de la défaite de 4-3 en prolongation, jeudi soir contre les Red Wings de Detroit, Jordan Harris a passé près de quatre minutes de temps de jeu entre sa première et sa présence de la période. La marque était égale, et pour un défenseur de la LNH, autant de temps peut vous sembler une éternité.

« Je trouve que ça t’oblige à être encore plus attentif au jeu, parce que tu ne sais pas quand tu seras le prochain à jouer, avait dit Harris avant ce match. Quand tu as ton tour régulier, le retour au banc est davantage une pause parce qu’il y a un certain rythme dans tes présences sur la glace. J’essaie donc de regarder le jeu de plus près, parce que ça me permet de rester dans le match quand mes présences sont un peu plus irrégulières. »

Voilà l’un des défis de la configuration à 11 attaquants et sept défenseurs que le Canadien a été forcé d’utiliser la semaine dernière avec seulement 11 attaquants en santé disponibles. C’est le domaine de l’entraîneur-adjoint Stéphane Robidas, qui doit s’assurer que ces minutes prolongées au banc ne se prolongent pas au point de retirer plus ou moins un de ses défenseurs du match. Si vous ajoutez à cela les présences sur les unités spéciales qui perturbent encore plus ce rythme, cela peut devenir difficile.

« Je sais que c’est un défi pour Roby de travailler avec sept défenseurs, de s’assurer que les gars ne restent pas sur le banc trop longtemps, a convenu St-Louis la semaine dernière. Mais je sais que plus on le fait, plus il est à l’aise. Et peut-être que lorsqu’il sera vraiment à l’aise, on va revenir à six! »

Ce qui est intéressant dans cet arrangement forcé pour le Canadien, c’est la façon dont St-Louis a décidé d’organiser les choses à l’avant. Employer 11 attaquants et sept défenseurs n’est pas révolutionnaire, mais la façon typique de procéder est d’établir un top-9 et de faire en sorte que deux des attaquants de quatrième trio obtiennent des présences avec un des membres du top-9. Cela permet à vos meilleurs joueurs d’avoir une présence de plus et à vos joueurs de quatrième trio d’avoir un coéquipier de qualité, généralement à caractère offensif, avec qui jouer.

Or, ce n’est pas ce que St-Louis a fait. Il a concocté un quatrième trio traditionnel composé de Rafaël Harvey-Pinard, Michael Pezzetta et Alex Belzile, et il a gardé un trou à côté d’Evgenii Dadonov et Christian Dvorak. De cette façon, ce ne sont pas les joueurs de quatrième trio qui obtiennent ce compagnon de trio offensif, ce sont des attaquants qui sont normalement dans le top-9 de toute façon.

« Peu importe la personne qu’on va placer sur ce trio-là, on pense qu’elle sera très efficace, a dit l’entraîneur-adjoint Trevor Letowski la semaine dernière. On pense que Devo est un gars assez polyvalent ; tu peux presque mettre n’importe qui avec lui. »

L’un des plus grands bénéficiaires de cette stratégie a été Kirby Dach, qui a établi un nouveau sommet pour la saison en jouant 22:49, samedi dernier contre Toronto, puis l’a dépassé dès le match suivant avec 23:59 contre Boston avant de jouer 22:01 contre Detroit jeudi. En revenant à un alignement traditionnel de 12 attaquants et six défenseurs, ce samedi à Ottawa, Dach a joué 21:34.

« Au cours de cette période, Kirby Dach a fait un grand pas en avant, et on peut maintenant lui donner des présences supplémentaires au centre ou à l’aile, a indiqué Letowski. Ça a été une série de matchs au cours desquels il s’est établi – vous pouvez voir pourquoi on est si emballés à propos de lui – pour devenir un joueur de centre élite dans la ligue. C’est presque son moment de révélation, et c’est très excitant pour nous. »

La configuration de la formation permet à Dach d’être récompensé pour la qualité de son jeu. Mais cela signifie également que Harris, pour sa part, doit avoir un niveau de concentration supplémentaire lorsqu’il est assis sur le banc.

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Mike Matheson (David Kirouac/Icon Sportswire via Getty Images)

Deux opportunités qu’ils attendaient depuis longtemps

Il y en a un qui attend cela depuis des années, l’autre depuis quelques mois. Mais le défenseur Mike Matheson et l’attaquant Mike Hoffman attendaient tous deux de meilleures occasions de jouer en avantage numérique.

Tout au long de sa carrière dans la LNH, Matheson n’a jamais vraiment été de façon constante un facteur sur le jeu de puissance. À ses quatre premières saisons avec les Panthers de la Floride, il a joué un peu plus de 200 minutes en supériorité numérique, coincé derrière Keith Yandle et Aaron Ekblad. Et lors de ses deux saisons avec les Penguins de Pittsburgh, il n’a joué qu’un peu moins de 95 minutes, Kris Letang obtenant la majeure partie du travail.

L’ensemble des atouts de Matheson, qui est un habile passeur et un excellent patineur, semble parfait pour être quart-arrière sur le jeu de puissance. Pourtant, il n’a jamais vraiment été utilisé de façon régulière dans ce rôle jusqu’à maintenant, lui qui a 28 ans et qui en est à sa troisième équipe dans la LNH.

Pourquoi ?

« Je mentirais si je disais que je ne me suis pas posé la même question, a confié Matheson. Mais au bout du compte, ce n’était pas à moi de décider. Je pense qu’à certains moments de ma carrière, les entraîneurs ont jugé qu’il fallait que je me concentre sur d’autres aspects à améliorer, et c’est ce que j’ai fait. »

Le plus grand obstacle qu’a eu Matheson pour obtenir des minutes régulières en avantage numérique cette saison n’a pas été la présence d’un autre défenseur, mais plutôt son état de santé. Il est maintenant impatient de voir ce qu’il adviendra de son jeu en évoluant sur la première unité pendant une longue période pour la première fois de sa carrière.

« Ça te permet d’obtenir tellement plus de touches de rondelle, et ça donne de la confiance, a dit Matheson. Je suis entré et sorti de cette unité-là depuis le début de la saison, comme plusieurs joueurs, et l’unité a donc été un mélange de personnes. Ç’a été difficile de trouver une certaine continuité et de vraiment à plonger dans des méthodes d’attaque et des idées qu’on utiliserait dans certaines situations et contre certaines unités d’infériorité. Mais ça va venir avec le temps, et plus on va avoir de touches ensemble, mieux ça va être. »

En Floride, Matheson passait beaucoup de temps à observer le jeu de puissance des Panthers, ce qui veut dire qu’il a vu Hoffman accumuler les buts, une chose qu’il a faite 28 fois en deux saisons là-bas mais qu’il n’a réussi que quatre fois depuis qu’il porte l’uniforme du Canadien, dont aucune cette saison. Hoffman reste convaincu qu’il peut encore apporter sa contribution à cette équipe, et l’opération à l’épaule de Cole Caufield, qui a mis fin à la saison, pourrait être sa meilleure chance de le prouver.

L’une des raisons pour lesquelles Hoffman n’a pas beaucoup produit sur l’attaque à cinq, c’est que Nick Suzuki joue habituellement à son endroit préféré, dans le haut du cercle droit. Mais maintenant que Caufield n’est plus au cercle gauche, Suzuki va se déplacer davantage, laissant Hoffman à cet endroit où il a été si efficace pendant si longtemps.

« J’en ai été témoin, a dit Matheson. Il était à cet endroit-là en Floride quand notre avantage numérique était le deuxième meilleur de la ligue. Une fois qu’il se met en route, ça devient automatique.

« C’est mon travail de lui donner la rondelle et de le laisser faire ce qu’il fait de mieux. »

Ils ont tous deux attendu cette opportunité. C’est à chacun de prouver qu’ils méritent de la garder.

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Brad Marchand (James Guillory/USA Today)

Brad Marchand, le développement et le gène de l’éponge

Martin St-Louis parle souvent de bâtir une culture et de développer des joueurs qui, en étant avec l’équipe pour longtemps, en seraient les gardiens. St-Louis a récemment cité les vétérans des Bruins de Boston comme exemple d’une culture solidement enracinée.

On le sait, Patrice Bergeron exerce une grande influence sur Nick Suzuki et sur quantité de jeunes joueurs à travers la ligue. Mais chez le Canadien, le cas de Brad Marchand est probablement aussi intéressant à analyser.

À son époque, St-Louis était l’image même du joueur qui intégrait constamment de nouvelles choses pour s’améliorer. Or, Marchand est aux yeux du DG Kent Hughes celui qui a pris le relais au cours des dernières années. L’ailier des Bruins possède une aptitude particulière à prendre l’information, l’incorporer et ensuite changer. De temps à autre, Marchand assimile un nouveau détail et, là où plusieurs joueurs ne le mettraient en application qu’une fois ou deux, il est capable d’en faire une partie intégrante de son jeu.

C’est assurément un filon que le Tricolore voudrait suivre.

« Plus on est capable d’avoir des joueurs qui peuvent ajouter des éléments, s’améliorer et jouer en fonction de leurs forces, plus on va avoir du succès dans le développement de nos joueurs », a dit Hughes lors de son bilan de mi-saison.

C’est un peu le pari que le Canadien a pris en faisant l’acquisition de Kirby Dach. Son talent brut et son coffre à outils n’ont jamais été remis en question, mais il fallait voir à quel point Dach était intéressé à s’améliorer et à devenir la meilleure version de lui-même. Les résultats des 50 premiers matchs démontrent qu’il est sur la bonne voie.

St-Louis est mieux placé que quiconque pour dire que la capacité de s’améliorer est incontournable pour atteindre son plein potentiel.

« Tu peux avoir tous les atouts à 18 ou 19 ans et penser que tu es correct, mais ce n’est pas long que ça te prend plus que ces atouts-là, et il faut que tu redéfinisses tes atouts et que tu continues à travailler là-dessus, a-t-il indiqué. Mais être une éponge c’est très important pour évoluer et se développer comme joueur. »

Mais comment identifier le « gène de l’éponge » ?

Le Canadien a sous la main plusieurs jeunes de talent qui ont pour tâche d’identifier les éléments qu’ils devront intégrer à leur jeu. Au moment de les repêcher, les recruteurs espéraient avoir mis la main sur des espoirs sérieux et désireux de s’améliorer. Mais ce n’est pas une qualité qu’on identifie rapidement, croit St-Louis.

« Si tu es avec lui pendant deux ou trois mois, tu peux voir quelle sorte d’éponge il veut être, a-t-il dit. C’est dur à remarquer en allant voir jouer un jeune et en étant dans les estrades. Il faut vraiment que tu sois avec lui de façon à voir combien d’eau l’éponge peut prendre et à quelle vitesse elle se tord. Ça prend du temps pour juger ça. »

Jeff Gorton, alors DG des Bruins, avait repêché Marchand en troisième ronde en 2006. C’était à l’époque une petite peste dotée d’un certain potentiel offensif, certes, mais dont l’énergie était mal canalisée. Personne n’aurait pu entrevoir une telle courbe de progression.

Le père de Marchand, qui est originaire de la Nouvelle-Écosse, l’incitait depuis qu’il était enfant à observer la façon dont Sidney Crosby s’entraînait et de quelle manière il travaillait. Et au fil des ans, Bergeron a souvent vu son complice transformer des lacunes en forces.

« Là il est concentré sur son tir sur réception, a raconté Bergeron lors de la récente visite des Bruins au Centre Bell. Il joue le long du mur en avantage numérique, et parfois il va plus être un passeur, mais il veut travailler là-dessus. Alors à chaque entraînement, il est dans le haut du cercle à prendre des lancers sur réception. Il va passer un tas de rondelle à tirer hors l’aile ou à décocher sur réception sur des descentes à 2-contre-1, des trucs comme ça.

« Il travaille toujours sur quelque chose. Et on remarque son amélioration sur chacune des choses sur lesquelles il décide de travailler. »

Le rêve du Canadien – son fantasme, pourrait-on dire – c’est que tous ses outils de développement puissent servir à des joueurs qui auront le même sens du perfectionnement que Marchand. Ce n’est pas donné à tout le monde, bien sûr, mais la décision de confier le poste d’entraîneur-chef à St-Louis, il y a un an, allait entre autres dans ce sens-là : avec lui, les joueurs allaient avoir au quotidien un exemple tangibles des bienfaits d’agir comme une éponge.

Et après quelques mois de ce régime, le CH a sûrement identifié qui absorbe plus d’eau et qui prend plus de temps à se tordre.

(Photo: Marc DesRosiers/USA Today)

https://theathletic.com/4138157/2023/01/30/godin-et-basu-les-dessous-du-rappel-dowen-beck-et-une-strategie-11-7-differente/ Godin et Basu: Les dessous du rappel d’Owen Beck, et une stratégie 11/7 différente

Russell Falcon

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